Ville de Carhaix

Statue du Général de Bollardière

La Ville souhaite rendre hommage aux personnes populaires ayant marqué l’histoire de la Bretagne en créant ainsi un Panthéon des plus populaires des Bretons. Après les statues des 4 As bretons vainqueurs du Tour de France en juillet 2018, la Ville a ainsi inauguré la statue du Général de Bollardière, le 19 mars 2019, en présence de ses filles, d'autorités militaires et civiles, ainsi que du sculpteur Emmanuel Sellier, place du 19 Mars 1962.

 Inauguration de la statue du Général de Bollardière le 19 mars 2019 par le maire de Carhaix, les élus, les anciens combattants, en présence des filles du Général, d'autorités civiles et militaires.

Jacques de Bollardière, général humaniste

 
Jacques Pâris de Bollardière est né le 16 décembre 1909 à Châteaubriant (Loire-Atlantique). 
 
Issu d’une famille de la noblesse bretonne, d’une lignée d’officiers, diplômé de Saint-Cyr, il est l’un des Français les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale : grand officier de la Légion d’honneur, compagnon de la Libération du Général De Gaulle, deux fois décoré du Distinguished Service Order...
 
À cette époque, il se distingue par rapport aux autres officiers militaires par sa liberté de ton. Simone, son épouse, le reconnaît d’ailleurs : « C’était un homme libre mon mari». Celui que les autres militaires surnomment «Bollo» est apprécié par ses troupes. 
 
Promu lieutenant-colonel à la fin de la guerre, il est envoyé à Saïgon, puis commande les troupes aéroportées en Indochine de 1950 à 1953. Il prend la tête de deux brigades en Algérie en juillet 1956. En décembre de la même année, il est promu général de brigade : il est alors le plus jeune général de l’armée française. 
 
Il fait part très tôt de ses appréhensions vis-à-vis de la guerre en Algérie. En mars 1957, Il demande à être relevé de son commandement, souhaitant s’en expliquer auprès de l’opinion française à travers une lettre publiée, le 29 mars, dans le journal «L’Express» par son ami Jean-Jacques Servan Schreiber. Il y condamne publiquement l’utilisation de la torture. Cette prise de position est sanctionnée par le Ministère de la Guerre par 60 jours d’arrêt en forteresse, suivis d’une mise à l’écart.
Il est nommé au Cameroun, puis en Allemagne.  
 
Au moment du putsch d'Alger en avril 1961, n'ayant pu obtenir de poste en Algérie comme il le souhaitait, il quitte l'Armée. Il se retire alors avec sa famille dans le Morbihan.
Revenu à la vie civile, il rachète un vieux corps de ferme au Talhouët, à Guidel. La famille ne quitte plus ce lieu. Il devient attaché de direction dans l’entreprise de construction navale de la Perrière à Lorient.
 
Homme de convictions qu’il partage avec son épouse Simone présente à ses côtés, il devient une grande figure de la non-violence en France dans les années 1970, s’opposant aux essais nucléaires dans le Pacifique, manifestant dans le Larzac contre l’agrandissement du camp militaire. On lui doit aussi l’arrêt d’une centaine de trains avec des militants en gare de Quimperlé pour réclamer l’arrêt du TGV. 
Il est de tous les combats.
Au terme de cette vie d’engagements, le Général de Bollardière décède le 22 février 1986, chez lui, au Vieux Talhouët, à Guidel et est inhumé à Vannes.
 
La vie de Jacques Pâris de Bollardière a toujours suivi une ligne claire, guidée par des principes de respect de l’homme et de l’humanité. 
La grande ethnologue et résistante, son amie Germaine Tillion disait : 
«qu’il y avait quelque chose de fondamental chez lui : 
la conjonction du respect de la morale humaine et du respect de la patrie française.»
 
Cette force de conviction lui a valu 3 condamnations :
> la première, une condamnation à mort par le gouvernement de Vichy pour avoir rejoint la Résistance
> la seconde, en 1957, une condamnation à 60 jours en forteresse, pour s’être élevé contre la torture en Algérie
> la troisième, en 1973, une mise à la retraite prématurée de l’armée, pour avoir dénoncé les essais nucléaires dans le Pacifique.
 
Jusqu’au bout, le Général de Bollardière a gardé foi en l’humanité. Voici ce qu’il disait : 
« La guerre n’est qu’une dangereuse maladie d’une humanité infantile 
qui cherche douloureusement sa voie. 
La torture, ce dialogue dans l’horreur, 
n’est que l’envers affreux de la communication fraternelle. 
Elle dégrade celui qui l’inflige plus encore que celui qui la subit. 
Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, 
renoncer à construire un monde plus humain. »  
 

 Emmanuel sellier, le sculpteur 

 
 
Installé à Langeais, Emmanuel Sellier a appris le savoir-faire de son père Bernard Sellier, artiste fondeur de bronze, puis s’est spécialisé en taille de pierre en étant compagnon du devoir au sein des Compagnons du devoir du Tour de France. Il est aussi passé par la classe d’ornementation, de mise au points et sculpture de l’école Saint-Lambert à Paris. 
Depuis 1997, il est sculpteur, modeleur et mouleur (pierre, marbre, bronze, terre, bois et plâtre). Il expose ses oeuvres dans sa galerie «Le Sculptorium» à Langeais. 
Il travaille également sur commande pour des particuliers ou collectivités, avec une particularité de taille : il sculpte en public des statues en pierre dans le cadre d’événementiel (buste d’Angela Merkel à Stralsund en Allemagne, statue de Manu Dibango au Mans...).
Il a également réalisé la restauration de statues sur le château de Versailles.
 
 
Service communication : Quelle a été votre approche pour cette commande d’une statue du général de Bollardière ?
Emmanuel Sellier : « Par rapport à la démarche artistique, la principale question qui s’est présentée à moi a été le traitement du costume du général. Si la plupart des statues que j'ai réalisées jusqu'alors présentaient toujours des tissus parfaitement réalistes, cela ne me semblait pas envisageable pour la tenue du général de Bollardière. Comment un homme comme lui aurait pu traverser toutes ces guerres, le nazisme et la guerre d’Algérie, dans une tenue d'officier restée lisse et bien repassée ? » 
Il fallait donc que les plis de ses vêtement soient tout au moins amples et avec du mouvement. Je voulais que l'on sente également la dureté des évènements traversés par l'homme de terrain : il fallait une texture à la fois plus brutale et emportée. Après de nombreux essais, j'ai finalement retenu l'aspect mouvementé d'un modelage exécuté directement dans le plâtre frais. J'ai aimé laisser les traces expressives de l'outils. Les rayures du couteau à plâtre apportent les mêmes effets graphiques qu'à la peinture. La lumière anime les surfaces striées et leurs donnent tellement plus de relief ! »
Seuls le visage et la main ont été modelés en terre, avant d'être moulés en plâtre et greffés sur la statue. Pour laisser des empreintes identiques, j'ai pris soin d'employer les mêmes outils que dans le plâtre. Les légères stries accusent les traits d'un homme de caractère en même temps qu'ils conservent de l'unité avec le reste du corps... mais comme les détails du visage et de la main sont malgré tout plus fins, l'expression se dégage avec d'autant plus de force que le reste de la sculpture est moins détaillée. »
 
S.C. : Comment avez-vous intégré le souhait de la municipalité que cette statue, comme toutes les autres du Panthéon, ne soit pas sur un piédestal mais à hauteur d’homme ?
E.S. : « Les dimmensions choisis pour la statue sont celles de Jacques de Bollardière, il se présente donc parmi nous avec réalisme. J'ai d'ailleurs choisi qu'il semble marcher sur un sol naturel plutôt que sur un quelconque socle ou piedestal. Je voulais le rendre aussi vivant qu'accessible. À le voir marcher par terre, on comprend aussi que le général était d'abord un homme de terrain ! » 
 
S.C. : Comment avez-vous défini la patine ?
E.S. : « Pour finir, la patine que j'ai choisi de donner au bronze n'est pas un traditionnel vert-de-gris. Cela aurait trop imité la tenue militaire et réduit l'action de Jacques de Bollardière aux faits de guerre. Une patine bleu-vert, au contraire, évoque mieux la couleur de ses grands idéaux qui l’ont conduit sur le plateau du Larzac et jusque dans le Pacifique pour lutter contre les essais nucléaires. Sculpter Jacques Pâris de Bollardière fut aussi le privilège d'affirmer de hautes valeurs. »
 

 

 

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