Ville de Carhaix

Statue d'Anjela Duval

La Statue de la poétesse Anjela Duval

 

 

Un Panthéon des plus populaires des Bretons

Dans le cadre du Panthéon des plus populaires des Bretons, la Ville de Carhaix a souhaité rendre hommage à la poétesse bretonne Añjela Duval (1905-1981). Cette initiative s’inscrit dans la continuité des projets menés pour mettre en valeur les places du centre-ville et offrir aux habitants comme aux visiteurs un parcours statuaire mettant en lumière des figures marquantes de la Bretagne.
Le choix d’Añjela Duval s’explique par son rôle central dans la littérature de langue bretonne contemporaine, mais aussi par son image de femme simple, paysanne et poétesse, symbole d’une culture enracinée dans le quotidien. En l’intégrant à ce parcours, la Ville souligne la diversité des personnalités honorées et rappelle l’importance de la transmission de la mémoire culturelle.

Annick LeRoy, artiste rennaise

Artiste rennaise, Annick Leroy a été formée à la sculpture à Los Angeles dans les années 1980, notamment par Martine Vaugel, sculptrice américaine, professseur au New York Academy of Art. Récompensée par de nombreux prix, elle a à son actif la réalisation de nombreuses commandes publiques. Elle a réalisé deux fontaines pour un jardin à Honfleur, une jeune fille nue accroupie sous un parapluie et des oies qui crachent de l’eau dans une rivière (Honfleur – 2011).
La reproduction en taille réelle de la photo de Charles Ebbets représentant des bâtisseurs de cathédrales modernes, que sont les grands buildings de New-York, a été l’occasion de réaliser une première œuvre de grande envergure, mais aussi de produire un tableau troublant de vie. « Si j’éprouve un intérêt certain à redonner vie à des personnages disparus (Bernanos - 2011, Jean Hameau - 2011, les sœurs Goadec - 2013),  j’aime les challenges et l’aventure, en témoigne la sculpture de Carmen en équilibre sur un filin grâce à un contre-poids (Pontivy – 2013). J'explore également la trace du mouvement dans l’espace dans un style BD (Ar Milin – 2012 )», souligne-t-elle.

« Pour moi une œuvre d’art est attachée à la notion de plaisir, et en ce sens j’aime qu’elle offre au spectateur beauté et poésie, mais aussi intensité et émotion. Mon approche de la sculpture est à la fois charnelle et graphique. »  « Si je devais caractériser mon travail en quelques mots, je dirais que je suis un sculpteur figuratif contemporain et que je suis avant tout attirée par le mouvement. L’aspect contemporain est mis en relief par les mises en scène : décomposition du mouvement d’une symphonie, corps suspendu dans l’espace, ou par le choix des émotions. J’analyse les lignes de forces, les convergences d’énergie. J’attache également une attention particulière au langage des mains et du visage. J’aime créer un échange de regard entre le spectateur et mon personnage.  »

Pour cette création, elle a choisi de représenter Añjela Duval dans une scène intime : assise à sa table, en train d’écrire. Cette posture simple et naturelle traduit l’essentiel de sa vie et de son œuvre, marquées par le travail quotidien et l’écriture comme respiration et transmission.


Annick Leroy a déjà collaboré avec la Ville de Carhaix dans le cadre du Panthéon des plus populaires des Bretons, ce qui lui permet de donner une cohérence artistique à cet ensemble statuaire. Sa réalisation contribue à renforcer l’identité culturelle et artistique du centre-ville carhaisien.

 

Añjela Duval

 

Añjela Duval est née en 1905 dans une famille de petits paysans du Trégor, à Traon an Dour. Elle a passé toute sa vie dans la ferme familiale, où elle menait une existence modeste rythmée par le travail de la terre. C’est seulement dans la maturité, à partir de la fin des années 1950, qu’elle commence à publier ses poèmes en langue bretonne.

Son écriture, marquée par une grande simplicité, exprime son attachement à la nature et à la vie paysanne. Dans son poème Me zo ganet e kreiz ar mor (« Je suis née au milieu de la mer »), elle affirme avec force son identité et ses racines trégorroises. Dans d’autres textes, elle évoque les saisons, la solitude de la campagne, mais aussi les joies et les peines de la vie rurale.

Añjela Duval n’a jamais séparé son œuvre de ses convictions. Elle a pris la plume pour défendre la langue bretonne, qu’elle considérait comme essentielle à la survie de l’identité de son peuple. Dans Ar yezh a garan (« La langue que j’aime »), elle exprime son attachement profond au breton, transmis par ses parents et vécu comme une richesse collective.

Ses poèmes témoignent également d’une conscience sociale et politique. Elle s’est exprimée contre la modernisation brutale de l’agriculture et l’abandon progressif des traditions. Dans Eürus an hini a vev gant e labour (« Heureux celui qui vit de son travail »), elle valorise la dignité du travail paysan et la simplicité d’une vie en harmonie avec la terre.

Au-delà des thèmes ruraux, son œuvre aborde aussi des questions plus larges, comme la paix, la liberté et l’avenir de la Bretagne. Cette double dimension – à la fois intime et universelle – explique que ses poèmes continuent d’être lus, traduits et étudiés aujourd’hui.

En demeurant fidèle à sa vie simple de paysanne et en faisant entendre sa voix de poétesse, Añjela Duval est devenue l’une des grandes figures de la littérature bretonne du XXᵉ siècle. Sa statue à Carhaix vient rappeler son rôle d’ambassadrice de la langue bretonne et de témoin d’un monde rural.

 

L'inauguration de la statue

Après une période d’exposition dans le hall de l’Espace Glenmor, la statue a été installée sur la place d’Aiguillon le 19 juin 2024, dans le cadre du réaménagement urbain. L’inauguration officielle a eu lieu le samedi 9 novembre 2024, à 11 h, réunissant élus municipaux, acteurs culturels et habitants. La cérémonie, qui s’est déroulée à la fois sur les places de la Mairie et d’Aiguillon, a permis d’inaugurer également la statue de Sébastien Le Balp, dans le cadre du même parcours statuaire.

La prestation du Bagad Karaez a marqué le début de l’événement, apportant une tonalité culturelle mesurée et localement significative. Le maire, Christian Troadec, a rappelé la cohérence du projet avec l’histoire de la ville : « ce plan entamé il y a près de vingt ans […] est guidé par l’histoire de la Bretagne et de Carhaix ». Le dévoilement de la statue s’est ensuite concrétisé, dans une atmosphère agréable, avant de se conclure par un moment convivial proposé par la municipalité.

 

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